Clementine ♥

Je n’ai jamais connu ma maman. Tout ce dont je me souviens c’est l’une de ses journées d’été où il fait très beau et très chaud et papa qui pleure devant un petit trou, une plaque en bronze juste derrière. J’avais quatre ans. J’ignore ce qui s’est passé, j’ai beau le demander à ma nounou et à mon papa, mais personne ne veut me donner de réponse. On me dit seulement qu’elle est partie. Je me souviens de ses vieilles chansons qu’on entend plus à la radio qu’elle me chantait lorsque j’étais encore toute petite, je me souviens des paroles, je me souviens de l’air. C’était dans sa langue maternelle, le français de ce qu’elle appelait le Québec. Elle me chantait : « ma mère chantait toujours, une vieille chanson d’amour, que je te chante à mon tour, ma fille, tu grandiras et puis tu t’en iras, mais un beau jour tu la chanteras à ton tour, en souvenir de moi. » Je ne sais pas exactement pourquoi elle me la chantait, probablement comme une berceuse, parce qu’il m’arrivait souvent d’être incapable de dormir. J’avais peur des monstres qui se cachaient sous mon lit. Je suis née une journée pluvieuse de l’automne froid, mon papa aime bien me le rappeler. Il me dit chaque année que ma naissance était un vrai rayon de soleil. Au moins, j’ai pu mettre un peu de joie dans le cœur de ma maman.

Je suis toute jeune encore, je n’ai que neuf ans. Il ne m’est pas arrivé encore beaucoup d’aventure. Ce que je peux raconter, c’est que j’ai toujours vécue ici, sur cette île. Maman et Papa trouvaient que c’était un magnifique endroit et que la présence des ces humains-animaux rendaient l’endroit encore plus… Chaleureux… non… je crois qu’on dit exotique. Et qu’ils voulaient vivre en paix. Mais… je suis plutôt bien sur cette île, j’ai quelques amis à l’école, ma nounou est là en permanence… Mais je suis un peu triste quand même tous les jours. J’aime beaucoup mon papa… Mais il ne vient jamais me voir… Ou presque. Il est toujours occupé, c’est ce qu’il dit. Il dort rarement à la maison, il part souvent en voyage… Dans d’autres pays. Il me ramène chaque fois une peluche avec les couleurs ou le nom du pays ou de la ville où il est allé. J’en ai beaucoup. Au moins trente. J’ai oublié le nombre, pourtant je les avais comptés il n’y a pas bien longtemps. Je suis plutôt énervée dans ces moments! J’aimerais ça qu’il soit plus présent pour moi… C’est tout ce que je lui demande… Je sais qu’il a beaucoup de travail. Des fois, lorsqu’il vient dormir à la maison, je l’entends pleurer. Ça me rend triste. J’aimerais aller le voir pour le réconforter… Mais j’ai l’impression que c’est de ma faute s’il pleure.

Bientôt, je vais avoir dix ans, dans quelques jours. Papa m’a promis qu’il m’achèterait l’hybride que je veux pour ma fête, je peux même choisir la race que je veux! J’aimerais bien avoir un Kitsune! Ils sont tellement rares et tellement beaux! Mais… je suis un peu… réaliste… Papa m’a bien avertie qu’il était possible que je ressorte avec un neko, un inu ou un usagi… Ça ne me dérange pas vraiment. Tant que j’ai un gentil animal de compagnie, tout me va.