Il faut un lapin et un magicien pour sortir le lapin du chapeau. 100%

La vie d'un hybride, aussi injuste soit-elle, ne dépend surtout que d'une chose : L'homme. C'est le maître et lui seul qui décide du sort de son hybride. C'est le maître, qui est à même de savoir si la vie de son hybride sera agréable ou miséreuse. La vie d'un hybride tourne autour des humains, qu'il soit enclin à l'admettre ou non, c'est ainsi. Un hybride apprivoisé n'aura d'autre choix que d'obéir à son maître, son sort entier repose entre ses mains. Dans certains élevages d'hybrides, on retire très tôt les enfants à leurs mères pour les rendre dépendants des humains. Le but ? Faire comprendre le plus tôt possible à ses jeunes hybrides que le maître est tout pour eux. Que sans les humains, ils ne sont rien. Pan est né dans un de ces élevages.

Sa mère, il ne s'en souvient pas. Il faut dire qu'il n'aura pas eu longtemps le privilège de sentir son odeur et sa présence rassurante, tant il fut rapidement séparé d'elle. Toutefois, Pan ne soufra jamais d'un quelconque manque ou d'une quelconque frustration, parce qu'il savait que le plus important, c'était les humains. C'est ce qu'on lui avait appris, en tout cas. A quoi bon avoir une mère ? Quand on sait qu'elle ne pourra, de toute façon, pas nous protéger aussi bien que le maître. Et puis, elle n'était qu'une de ces trainée d'hybride reproductrices qui passent leur temps à se faire engrosser. Elles n'avaient pas vraiment le choix, bien entendu, mais ça, on s'était bien réservé de l'expliquer à ces enfants. On préférait que les hybrides oublient leur mère, voir les méprisent, ainsi il était bien plus simple de faire leur apprentissage.

Un maître est dieu aux yeux de son hybride.

Et puis, le jour tant attendu. Pan quitte l'élevage, le cerveau bien lavé par tout ces beaux mensonges qu'on a eu de cesse de lui rabâcher toute son enfance. L'animalerie n'est pas son endroit favoris, Pan n'aime pas être enfermé. Alors il espère, tout les jours, il attend le jour où le maître viendra le sortir de sa prison. On pourrait lui laisser la porte de sa cage ouverte qu'il ne penserait même pas une seule seconde à s'enfuir. Il lui faut un maître, il en a besoin pour vivre, qu'il pense. Pan est un esclave obéissant, peut-être un peu farouche, mais il a été si bien élevé. Un gentil petit robot prêt à exécuter bêtement le moindre des ordres sans jamais se poser de questions.

Pan devait avoir dix ans lorsqu'il rencontra le maître pour la toute première fois. C'était un homme d'une trentaine d'années, peut-être un peu plus, fort bien habillé et dont le charisme n'échappa à personne. C'était un habitué de l'animalerie, visiblement il possédait déjà un hybride pour qui il venait faire quelques emplettes. Et bien qu'acquérir un second hybride n'était absolument pas dans ses priorités, lorsque son regard croisa celui du petit lapin, accroché aux barreaux de sa cage et le fixant avec curiosité, il ne put s'empêcher de jeter son dévolu sur lui. C'est sur un coup de tête qu'il décida d'acheter Pan ce jour-là, mais il se rendra bien vite compte que le lapin serait bien plus qu'un simple hybride de compagnie.

Abracadabra !

Il avait promis à Pan de l’emmener avec lui à un de ses spectacle de magie et le petit hybride en était tout bonnement émerveillé. Cela faisait maintenant 2 ans que Pan faisait partit de sa vie et il était très content de son acquisition. En plus d'être marrant et de bonne compagnie, l'enfant hybride se montrait particulièrement obéissant et de bonne volonté. Après tout ses efforts, il avait bien mérité de venir assister au spectacle, il lui avait demandé si souvent. L'idée de le faire participer au spectacle sonna comme une évidence lorsque, pour un numéro, le maître décida de le faire monter sur scène. Voyant l'excitation de la foule face au jeune usagi, le magicien ne pu que se rendre compte des avantages qu'aurait la présence de Pan à ses futurs spectacles.

Et ces ainsi que le jeune hybride devint le clou du spectacle.

Il sortait des petites boites pour amuser la foule, disparaissait sous un écran de fumée pour réapparaitre sous la cape du magicien. Pan faisait désormais partie intégrante du spectacle et ça marchait ! Jamais le magicien n'avait eu tant de succès que depuis l'arrivée de ce petit. Néanmoins, quelques problèmes subsistaient. Pan n'aimait pas la foule, il n'aimait pas la façon que ces gens avaient de le dévisager, leurs cris l’insupportait. Pan avait peur, de tout ce monde dont il était le centre de l'attention. Combien de fois ? Combien de fois repoussa-t-il violemment une main trop aventureuse qui venait toucher ses oreilles ? Combien de fois fusilla-t-il du regard des yeux un peu trop curieux qui le détaillaient sans retenue ? Pan avait appris à être gentil avec le maître, pour les autres il n'éprouvait que désintérêt.

Et ce fut le choque. Quand pour la première fois de sa vie, la main du maître vint s'abattre violemment sur son visage. Quand pour la première fois de sa vie le maître avait cessé de lui sourire, pour l'observer avec agacement. Le comportement odieux de Pan envers son public lui déplaisait au plus haut point, aussi s'était-il mit en tête qu'il avait certainement été trop gentil avec Pan jusqu'à maintenant. Et à partir de ce jour, le maître changea totalement. Pan n'avait désormais plus droit à sa chambre, mais à cette cage qu'il détestait tant et dont il sortait uniquement pour les spectacles. Alors, Pan se dit que le maître ne l'aimait peut-être plus et il s'en détesta. Car c'était forcément de sa faute à lui, ça ne pouvait pas être celle du maître.

Le maître est dieu, aux yeux de Pan.