Je n'ai presque aucun souvenir de mon enfance. Comme si tout avais été effacé. Ou plutôt comme si je voulais moi même me protéger de quelques choses. Mais quoi ? Je ne sais même pas si j'ai vraiment envie de le découvrir. Mes moments de folie me font douter sur ma lucidité. J'ai peur de ne devenir plus qu'une simple folle vagabonde. Mon histoire commence donc vaguement à l’âge de 8 ans, grâce à ces quelques notes que j’ai pu retrouver.
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Septembre 2006 : L'obscurité. Le noir complet. Des rires. Des pleurs. Je ne voie pas son visage, il fait trop sombre. Nous sommes plusieurs, serrés dans cette salle. Assis à même le sol. Je ne crois pas la connaître, seulement cet air qu’elle me chante pour me rassurer… Je l’ai déjà entendu. C’est ma défunte mère qui me la chantait étant petite. Un air qui caresse mon oreille comme la douce brise marine. La seule chose qui me calme, qui m’apaise. Cette dame, cette voix. C'est comme si je la connaissais mais que je l’avais oubliée. Mais ce petit air encré en moi me rappellera toujours à quel point elle à été douce avec moi. Je plonge dans un profond sommeil. Je dors beaucoup ces temps-ci. Qui sont tout ces gens autours de moi ? Où suis-je ?
1er Octobre 2006 :Un mois c’est passé. Je ne t’oublie pas mon journal. Tu es le seul à qui je peux vraiment me confier. J’espère qu’ils ne te découvriront pas. Mais je n’ai pas beaucoup d’occasions de t’écrire. Ils m’ont encore fait changer de famille aujourd’hui. Ca fait déjà trois depuis cette mystérieuse salle obscure. Je ne comprends toujours pas. Tout le monde refuse de me parler. Ils disent que j’ai perdu la mémoire après un malheureux accident de voiture et que mes parents y on laissé la vie. Depuis je jongle de famille d’accueil en famille d’accueil sans comprendre pourquoi. Des hommes en costumes viennent me chercher à chaque fois. Ils prennent mes affaires et j’atterris dans une nouvelle ville. La dernière fois je les ai vus donner une enveloppe à ma dernière famille avant de partir. Je n’ai droit de garder contact avec personne selon eux les gens ne me comprendraient pas. Oui c’est vrai, depuis l’accident j’ai quelques problèmes mentaux apparemment. Je ne me rends pas bien compte. J’espère que je ne deviens pas folle.
20 Octobre 2006 : Des flashs de lumière. Des bruits de pas. Non, on dirait des animaux. Ca tangue. Quelqu’un me tiens dans ses bras. Fermement. Je ne peux pas bouger. Des chevaux. Ils vont à toute allure. J’entends des sanglots, et des chuchotements. Je ne comprends pas ce qu’ils peuvent se dire, ni qui sont ces gens. Ils ont l’air de fuir quelque chose mais quoi ? La pluie fouette nos vêtements et le vacarme des sabots qui frappent le sol cogne dans ma tête comme une obsession. Je les entends de plus en plus fort. Ma tête me fait mal. Je… Je ne sais plus. Un autre flash. Plus proche cette fois-ci. S’en suivit un bruit horrible arraché au silence de la nuit. C’était... Une bombe ???
2009 : Quel mois sommes nous ? Je me réveille dans une magnifique chambre. Tant d’année d’absence… J’ai maintenant onze ans, mais pour moi c’est comme si c’était hier. On vient de m’expliquer que j’étais tombée dans le coma après être tombée gravement malade. Je ne me souviens pas avoir été aussi malade qu’ils le prétendent. Ils ne t’ont toujours pas découvert c’est le principal. Au moins il me reste toi. Je peux tout te dire. Je leur ai raconté ce que je t’ai écris le 20 Octobre. Ils m’ont dit que c’était un simple cauchemar. Que je ne devais pas y prêter attention. Moi j’ai l’impression que c’étais plus que sa. Mais si tu n’étais pas la je ne pourrais pas me souvenir de tout ça. Heureusement que je t’ai mon journal.
5 Avril 2011 : Je… J’ai retrouvé ce cahier dans un tiroir. Les premières pages sont arrachées. Que pouvait-il y avoir ? J’ai été très malade ses derniers temps. Je les entends dirent dans mon dos que je perds la tête. Ils disent que je suis ici depuis toute petite. Que mes parents m’ont abandonnée et laissée chez eux. Ces gens que je ne connais pas. Je reste cloîtrée dans cette chambre. C’est la seule chose que je connaisse. De toute façon ils m’interdisent d’en sortir. Je serais de trop faible constitution. Je finis par croire en ce qu’ils me disent. Toutes ces histoires dans ma tête, ces explosions, ces pleurs, cette chanson… Peut-être que j’ai tout inventé.
26 Avril 2011 :Un mystérieux vieil homme est venu me rendre visite ce matin. Comme presque tout les vendredis depuis bientôt un mois. Aujourd’hui il m’a offert un lapin en peluche. Il est trop mignon je crois que je l’ai déjà adopté. Il m’a fait jurer de toujours le garder avec moi, et qu’en cas de besoin je n’aurais qu’à m’en servir. Je comprends qu’il ait pitié de moi. Je prendrais soin de ce nouvel ami. En plus en tirant sur sa queue en forme de pompon une magnifique mélodie en sort. Tellement belle que c’est comme si je l’avais toujours connue. Elle m’apaise.
2 Mai 2011 : Heureusement que Pompon est là. Je crois que je vais arrêter de t’écrire tu ne sers vraiment à rien. Pourquoi t’arrache-tu tes pages dès que je les remplis ?! Tu es méchant avec moi. Il n’y à que Pompon qui prenne soin de moi.
2012 : Qu’est ce que tu veux que je te dise ? J’ai trouvé un matelas aujourd’hui à peu près propre. Je l’ai traîné dans notre nouvelle maison à Pompon et moi, le bâtiment désaffecté dans les vieux quartiers de la ville. Ce satané pompon n’a fait que me regarder sans lever le petit doigt. Il est pourtant bien content de dormir sur un matelas maintenant.
2013 : Le restaurant ambulant au coin de la rue nous donne ses restes de riz et de porc laqués. A vrais dire c’est le seul menu qu’il propose. Comme il voit que je suis toujours là à fouiller dans ses poubelles il a fini par céder. En fait il est gentil. Mais il dit que je fais peur et que je devrais éviter de regarder les gens comme ça. Il ne veut plus que j’aille chercher les restes à son stand. Je ferais fuir ses clients. Il me les déposes dans un sachet tout les soirs au bord de la ruelle. Il n’ose même pas venir au fond dans notre nouvelle maison. J’ai arrangé la déco pourtant.
2014 : Le jour ou la nuit la ruelle où je suis depuis maintenant 3 ans reste toujours dans l’obscurité cachée par les immenses bâtiments qui l’entoure. La journée je ne m’aventure pas plus loin que le bout de la rue à la limite de l’obscurité. Parfois j’en sors pour aller chercher quelques cartons qui trainent ou des vêtements que les gens ne veulent plus. Pompon est toujours avec moi. Mais il ne me parle plus. Sa mélodie s’est arrêté. Je me sens seule. Je ne sais même pas comment j’en suis arrivée là. Parfois des gens veulent venir me chercher pour m’emmener et à peine avoir pris la peine de commencer à me connaître il me laisse là en me traitant de folle et de « fille du diable ».
Aujourd’hui :*
Khé khé khé* (Rire délirant). Mium, tu à vue ces bonbons Pompon ? *
Slurp* Ce petit enfant les à fait tomber en nous voyant je voulais juste être son amie. Mmmh tant pis pour lui c’est tout pour nous.
Ces bonbons était délicieux…
Mon dieu je ne me contrôle plus. J’ai l’impression de perdre la raison. La solitude ne me réussit pas. Je ne sais pas comment réagir au contact des gens. Je ne me souviens plus d’où je viens et comment je suis arrivée là. Peut-être me faudrait-il un choc pour que je retrouve la mémoire ? Emotionnel ? Physique ? Ou peut-être les deux… Je me pose beaucoup de questions j’en viens à me demander pourquoi je me les pose. J’en ai marre de rester ici. Je veux partir mais je ne sais pas comment. Ici au moins personne ne m’embête. Dans cette petite ruelle. Je voudrais tellement éclairer ce grand coin sombre de mon passé dans mon esprit. Pompon ne me joue même plus sa mélodie pour me réconforter. Si seulement quelqu'un pouvais me la fredonner encore et encore. Je ne sais pas d'où il connaîtrait cet air mais ce serais sûrement quelqu'un sur qui je pourrais compter. Je veux absolument en apprendre plus sur moi. Je te laisse journal. De toute façon je ne t’écris presque plus. Et puis si c’est pour réaliser à chaque fois à quel point je deviens plus folle ce n’est pas la peine. Je te garde tout de même dans mon sac. On ne sait jamais…