Elirith, Joie et Taquinerie !

    Ma petite n'histoire à moi ? Hmm... Ok !
    Alors, ça commence à l'animalerie, et ça finit à l'animalerie. Mes parents étaient des hybrides, des Nekos tous les deux. Et dès ma naissance, on m'a confié à des éleveurs. Et j'y suis resté depuis. Élevé, éduqué, dressé, par ceux qui m'ont pris en charge depuis que je suis venu au monde.
  J'ai à peine connu l'extérieur. On m'y a guidé, on m'y a montré la rue, on m'y a fait découvrir le soleil, le ciel et les nuages. Puis on m'a remis en cage.
  On m'a appris à servir, on m'a appris à lire, à écrire. On m'a appris à être poli, et à me soumettre à la volonté des humains.
  Tout ça me parait naturel maintenant, j'ai été élevé ainsi. Alors je ne m'en offense pas. Je suis un hybride, les hybrides servent les humains. Et s'ils sont gentils, les humains sont gentils avec eux. Alors j'ai été sage au début, et très vite, on a été agréable avec moi. J'étais malléable, comme j'ai entendu les éleveurs le dire une ou deux fois. Ils m'ont gardé plus longtemps, et en grandissant, on m'a trouvé trop féminin.
  C'était un point noir au début, mais avec mon caractère, ils ont vite fini par en faire un avantage. Enfin d'après eux. Ils m'ont fait porter des habits un peu plus mignons, et petit à petit, en observant les humains de la boutique, j'ai compris qu'on m'habillait en fille. Mais je ne m'en suis pas offusqué. Loin de là. Ça m'a plu en fait, j'étais un peu différent des autres, je me démarquais. Et j'ai vite adopté un peu toutes ces habitudes. M'habiller, apprendre, dormir. Les années se sont enchaînées.

    Je suis devenu bien plus joyeux. Un rayon de vie, de Soleil. Même si je n'avais pas beaucoup de liberté, je savais que mon moment à moi viendrait, qu'on me mettrait en vente, et que quelqu'un me prendrait pour s'occuper de moi, et que je m'occupe d'elle.
  Alors je patientais, je continuais à obéir tout en me faisant bien voir, continuant à m'habituer à tout ça. On me laissait souvent aider à nettoyer l'animalerie. Certains clients demandaient parfois si j'étais à vendre, mais pour le moment, mes gardiens me gardaient encore un peu. J'avais du mal à comprendre pourquoi, et je pense que je n'ai toujours pas compris. Mais ils ne pouvaient pas me garder si longtemps.
  Cela dit, ça m'a permis d'en apprendre un peu plus sur les humains du dehors. Certains étaient gentils, certains cherchaient de la compagnie. D'autres cherchaient la beauté, un bel, ou une belle hybride. D'autres voulaient simplement un compagnon. D'autres avaient l'air plus méchant.. Je les évitais un peu quand je les croisais.
  Et c'est pendant l'un de mes balayages qu'une petite voix m'avait détourné un peu. Une petite fille humaine qui était là avec ses parents visiblement, mais qui l'avait laissée libre de se déplacer dans la boutique. Comme souvent, la petite m'avait pris pour une fille, et n'arrêtait pas de me fixer, des étoiles aux yeux, plein de compliments dans sa bouche sans que je puisse avoir le temps de parler, de répondre, ou de lui dire qu'elle se trompait sur moi. Mais elle était mignonne avec toutes ses mimiques et son petit dialogue d'enfant.
  C'est sa mère qui avait repéré le dialogue, et qui s'était rapidement inquiétée de me voir en liberté à l'intérieur, devant sa fille. Je n'avais pas spécialement compris pourquoi, mais de toute façon, le vendeur s'était rapidement expliqué, excusant que ça ait pu la choquer. L'incident était clos, et les deux femmes avaient pu faire le tour du magasin. Me laissant donc reprendre mon travail sous les yeux perçant de mon dresseur. Je ne voyais pas du tout ce qu'on pouvait me reprocher, ou de quoi ils avaient pu avoir peur. Mais je ne m'en inquiétais pas. De toute façon, il n'y avait pas de mal, et tant que je n'en faisais pas, tout irait bien.

    Et puis, quelques minutes plus tard, le trio d'humain revenait. Visiblement me parler à moi, je stoppais donc un peu, mon passage de balai, en attendant de savoir de quoi il en retournait.
  Visiblement... Un caprice de petite fille. Si elle ne pouvait pas m'avoir, elle avait l'air décidé à me laisser quelque chose. J'étais un peu perdu, on ne m'avait pas vraiment appris à accepter les cadeaux. Juste à plaire pour pouvoir être achetée une fois mis en vente. Là, c'était une situation étrange. Encore plus lorsque la femme s'approchait de moi pour m'accrocher ces rubans. Sous mes oreilles de chats, un de chaque côté.
  Sous les encouragements discrets du vendeur, je m'inclinais un peu en souriant. Remerciant les deux femmes tandis que la petite fille reprenait ses regards admirateurs. Visiblement, elle trouvait ça encore plus joli.

    Elles étaient reparties, et j'avais gardé les rubans, cadeau de la petite fille, accepté par sa mère. Et même si ça m'avait paru étrange d'être ainsi couvé d'un cadeau, ça avait fini par me faire plaisir. Et aujourd'hui encore, je garde ces deux rubans, je les mets souvent, presque tout le temps, sauf quand on me l'interdit en général.
  Ils étaient un peu la preuve qu'il y avait bien des humains dehors qui n'attendaient que de pouvoir m'acheter. J'avais raison d'attendre mon heure. Et petit à petit, on avait donné raison aussi à mon espoir. Finalement, on allait me mettre en vente, on allait me laisser ma chance de trouver quelqu'un pour me sortir d'ici, pour trouver un maître ou une maîtresse ! J'allais pouvoir voir le monde, même si je serai toujours attaché à une personne, j'en verrais surement plus que d'ici.
  J'avais hâte. Tellement hâte. L'impatience me gagnait chaque jour, et j'espère maintenant, pouvoir bientôt trouver qui voudra de moi.